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XIXe siècle, l’âge d’or des verriers français

Le XIXe siècle fut un siècle de gloire pour les verreries d’art et cristalleries de France. Entre progrès techniques et émergence de nouveaux styles artistiques, une longue liste d'artistes verriers s'est fait connaître du public.

La France et surtout l’Alsace/Lorraine, a vu naître de grandes cristalleries de renommée internationale, dont la plupart sont toujours en activité à l’heure actuelle.

Le XIXe siècle a marqué un grand tournant dans l’histoire de l’art verrier français. Et pour cause, les verreries sont passées d’une production artisanale à industrielle.

De nombreux maîtres verriers sont alors apparus, dont le travail artistique a révolutionné la production du verre.

Dans cet article, revenons à cette époque, considérée comme l’âge d’or des artistes verriers français et marqué par de nombreuses innovations techniques et artistiques.

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Le XIXe siècle, l'époque de la révolution industrielle !

Au XIXe siècle, l’industrie du verre connaît aussi une grande révolution grâce à de nombreux progrès techniques au niveau des fours, permettant une augmentation considérable de la productivité.

Parmi les procédés mis au point : le premier four à fusion en 1867 pour faire des économies de houille ou encore les machines à décalotter dans les années 1870 profitables aux fabricants de verre de table.

Pour faire face à la concurrence, les cristalleries font aussi preuve de créativité et décident d’inclure de nouvelles tendances.

Prenons l’exemple de la verrerie  teintée dans la masse aux décors dorés ou peints, les filigranes, millefiori, les opalines, presse-papiers ou encore la gobeleterie colorée à plusieurs couches.

À la même époque, les techniques de soufflage de verre ont également connu de grands bouleversements.

Deux méthodes se distinguent et ont continué d’occuper une place importante dans la formation du verre : le soufflage libre et le moulage par soufflage.

Dans les années 1820, le soufflage mécanique vient aussi remplacer les souffleurs d’ateliers, rendant la production plus simple et plus rapide.

À lire aussi : la fabrication du verre en cinq étapes.

Le XIXe siècle, marqué par la naissance du style Art Nouveau

Alors que la France entre dans la Belle Epoque, un nouveau style décoratif a émergé au début des années 1890 suite aux bouleversements engendrés par les révolutions industrielles.

Il s’agit du style Art Nouveau, né du désir de remettre au goût du jour les vertus de l’artisanat. Il s’est inspiré du mouvement Arts & Crafts apparu dans les années 1860 en Angleterre.

Qualifié de « style nouille », l’Art nouveau est reconnaissable par ses lignes courbes et ses motifs floraux, inspirés de la nature et du corps de la femme. 

Ce style s’impose principalement dans l’architecture et les objets de décoration d’intérieur tels que les verreries et le mobilier.

Dans la région de l’est, la ville de Nancy se démarque tout particulièrement pour la qualité exceptionnelle de ses créations verrières et ses façades aux courbes sinueuses. Elle mérite bien son titre de « berceau de l’Art nouveau ».

À lire aussi : « pourquoi Nancy est la ville de l’Art nouveau ?« 

La Lorraine, terre d’accueil des verriers français

Impossible de parler de verrerie française sans évoquer la belle région de Lorraine, surnommée la terre du verre et du cristal.

Mais sachez que cela n’a pas toujours été le cas !

Pour bien comprendre toute l’histoire, il faut revenir sur les principes de fabrication du verre : chauffer un four à très haute température pour faire fondre du sable siliceux jusqu’à ce qu’il devienne liquide pour lui donner ensuite la forme voulue avant de laisser refroidir.

Mais petit souci !

Faire chauffer le four nécessite une quantité considérable de bois, les artisans verriers sont alors contraints de s’implanter près des forêts et des rivières pour être proches des matières premières (le bois et le sable) nécessaires à la fabrication du verre.

Pendant longtemps, les artisans verriers sont mal vus dans les villages dont ils ravagent les forêts.

Tout change au XIVe siècle lorsqu’une ordonnance de 1339 donne aux verriers le titre de « gentilshommes ».

La situation s’éclaircit d’autant plus avec la signature de la Charte des Verriers par le duc de Lorraine, Jean de Calabre, en 1448 qui exempte les maîtres verriers de tout impôt.

C’est ainsi que l’industrie verrière et cristallière se développe et s’épanouit dans la région.

Quand les artisans verriers se hissent au rang de maîtres !

En France, le changement du XIXe siècle permet au verre de devenir un moyen d’expression de l’art français.

C’est alors que de grands verriers vont porter cet art très haut. Parmi ceux-ci : Daum, Gallé ou encore Legras.

1) Emile Gallé, le maître du verre

Symbole de la verrerie d’art français, Emile Gallé est réputé pour la perfection de son travail du verre, mais aussi pour ses créations céramiques et en ébénisterie.

Un créateur hors pair, il maîtrise parfaitement les codes de l’art et s’amuse à les bousculer en innovant du point de vue des techniques et des décors.

En contact avec le monde du verre dès sa tendre enfance, Emile Gallé rejoint très vite la direction de la verrerie familiale en 1867. Il contribue à l’essor de l’entreprise en construisant de vastes ateliers de faïencerie, d’ébénisterie et de verrerie.

En 1878, il commence sa vie artistique en créant ses propres œuvres, inspirées de mère nature en vue de les présenter lors des expositions universelles. La majorité de sa production est en verre soufflé, des pièces rares réalisées par gravure, à la roue ou à l’acide fluorhydrique.

On doit aussi à Emile Gallé l’invention de différentes techniques du travail du verre, dont celle de la marqueterie de verre.

En 1884, il reçoit deux médailles d’or puis trois récompenses à l’exposition universelle de Paris de 1889.

Mais c’est lors de l’exposition universelle de 1900 que Gallé réussit à se démarquer le plus, notamment avec ses vases Ipomea et Heracleum.

En outre, le maître verrier est mondialement connu en tant que pionnier de l’Art nouveau et fondateur de l’Ecole de Nancy en 1901, une association ayant pour but de faire connaître les artisanats d’art lorrains.

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Bonbonnière Émile Gallé

2) Daum, un savoir-faire artisanal qui perdure

Au début du XIXe siècle, la Lorraine connaît un important essor économique grâce à la houille, la sidérurgie, mais également aux nombreuses cristalleries implantées sur le territoire, dont Daum, qui doit son nom aux frères Auguste et Antonin Daum.

Fondée à Nancy en 1878, la cristallerie Daum est une verrerie d’art à sa création, liée au mouvement de l’Ecole de Nancy. 

La maison rayonne dans le monde entier à travers ses techniques audacieuses et sa maîtrise du verre permettant de travailler d’infinies variations de couleurs. Les résultats sont toujours plus surprenants grâce aux décors inspirés de la faune et de la flore.

L’essentiel de sa production en pâte de verre, qui évolue vers la pâte de cristal en 1968. C’est dans les ateliers Daum que certains des plus grands noms de l’Art nouveau ont été formés comme Almaric Walter, Jacques Grüber et Henri Bergé.

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Lampe Daum frères

3) François-Théodore Legras

Dans l’univers magique de l’art verrier français, un nom brille de mille feux : celui de François Théodore Legras. Il compte parmi les quatre plus grands maîtres verriers du style Art nouveau de la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, aux côtés de Daum, de Gallé et Lalique.

Né à Claudon le 27 décembre 1839, il a vécu dans un petit hameau au cœur de la forêt de Darney.

À la suite de cela, la nature deviendra sa principale source d’inspiration pour ses œuvres axées sur les paysages de la flore et de la faune.

À 27 ans, François Théodore Legras intègre la verrerie de La Plaine Saint-Denis en tant que simple travailleur puis chef et enfin directeur.

Artiste polyvalent, il est capable de réaliser les pièces les plus uniques, aux formes les plus variées, en utilisant la technique de verre la plus complexe, celle de la pâte de verre.

Son savoir-faire est particulièrement récompensé lors de plusieurs expositions universelles.

C’est le cas lors de l’Exposition universelle de Barcelone de 1888 où la verrerie Legras a obtenu la médaille d’or et le sixième grand prix à l’Exposition universelle de Paris de 1889.

En savoir plus sur François Théodore Legras

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4) René Lalique, le créateur du bijou moderne

Une autre figure incontournable de l’Art nouveau français : René Lalique, fondateur de la cristallerie du même nom en 1888.

À la fois joaillier, décorateur et verrier français, il est surnommé « l’inventeur du bijou moderne » par Emile Gallé.

Un fin observateur de la nature, René Lalique crée dans son atelier des œuvres d’art axées sur différents insectes, paon et bestiaire fantastique.

Son originalité ? Il utilise des matériaux peu courants dans la bijouterie (émail, cuir, nacre ou verre) et introduit le volume pour créer les pièces les plus exceptionnelles. Il réalise notamment des pièces innovantes pour la boutique de Siegfried Bing, maison de l’Art nouveau fondée en 1895.

Sa renommée explose notamment lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900. Cela lui a conduit à créer sa propre usine de verre en Alsace à Wingen-sur-Moder en 1921.

Sources : Nancy, la cristallerie oubliée, Gérard Caussaint, ALORAF

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