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Du verre au cristal avec George Ravenscroft

La découverte du cristal au plomb marque le début d’une nouvelle ère dans la verrerie. On doit sa fabrication à un verrier anglais du nom de George Ravenscroft. Plongez dans l’histoire de ce matériau qui magnifie les tables et les pièces à vivre par sa brillance et sa finesse.

Verre ou cristal ? Revenons-en à ses prémices … 

La première apparition du verre remonte à l’époque de l’Egypte Antique aux environs de 1500 avant J.-C.

En ce temps, les pièces en verre étaient considérées comme des objets de luxe, réservés aux familles royales.

À l’époque, le verre n’était pas aussi transparent qu’aujourd’hui. Il était plutôt opaque et arborait même des couleurs bleues, voire vertes.

Mais grâce à des expériences menées sur le verre et à l’émergence de nouvelles techniques au fil des années, les verriers sont finalement parvenus à créer les verres translucides au XVe siècle avant J.-C.

Et pour la première fois dans l’histoire, le célèbre verrier Angelo Barrovier réussit à mettre au point le verre translucide appelé « cristallin » en 1455 à Venise.

Voulant reproduire le verre de qualité équivalente, les artisans anglais ont expérimenté de nombreuses solutions afin d’obtenir le cristal de manière indépendante. Après 8 mois d’essais, George Ravenscroft réussit cet exploit.

Dans cet article, partons à la découverte de l’histoire de la fabrication du cristal, cet incontournable du luxe français.

Qu’est-ce que le cristal ? Sa composition ?

Aussi appelé le « verre au plomb », le cristal est par définition du verre.

Attention à ne pas le confondre avec le cristal de roche, qui est un minéral extrait du sol.

Le cristal est, quant à lui, l’un des plus vieux matériaux jamais fabriqués par l’homme.

L’appellation « cristal » vient du terme « cristallo » couramment employé par les verriers vénitiens à partir du XVe siècle, en référence au minéral.

Ce terme permet de caractériser les objets en verre transparents contenant de la silice pure et un composant encore inconnu.

En réalité, le cristal est le résultat d’un mélange de plusieurs composants soumis à de très hautes températures de fusion.

Selon qu’il s’agit de cristal ou de cristal supérieur, il contient 50% de silice, 24 à 31% de minium de plomb et de 10 à 13% de carbonate de potassium.

D’indice de réfraction 1,55, le plomb rend le cristal plus dense en augmentant sa densité à 3,1.

Grâce à sa composition particulière, le cristal est un matériau tendre, très sonore et propice à l’usinage à froid. Idéal pour réaliser des décors, des gravures très sophistiquées et des motifs des plus complexes.

À lire aussi : qu’est-ce que le verre ?

Découvrez quelle différence y a-t-il entre le cristal et le verre

À l’œil nu, il est difficile de faire la différence entre le verre et le cristal.

La principale distinction réside dans la composition du cristal : notamment l’ajout d’oxyde de plomb au mélange sableux.

En principe, un véritable cristal doit contenir au moins 24% de plomb. Cet ingrédient supplémentaire lui procure de nombreux avantages autant esthétiques que techniques.

D’une part, le plomb donne de l’éclat, de la transparence et une sonorité particulière au cristal. C’est pourquoi, il est devenu un matériau de prestige, très prisé dans le monde raffiné des arts de la table.

D’autre part, le cristal se montre plus résistant que le verre ordinaire grâce à ce nouvel ingrédient. Ce dernier favorise aussi la taille et le polissage à froid de la pièce et rend le verre opaque aux rayons X.

George Ravenscroft, l’homme derrière l’invention du verre cristallin

Issu d’une famille catholique romaine, George Ravenscroft (1632-1683) est un marchand anglais spécialisé dans le commerce du verre.

Il a vécu pendant un moment à Venise en Italie où il travaillait comme marchand et apprenait les techniques de fabrication du verre. Il s’associe avec deux de ses frères pour fonder une société prospère d’import-export à Venise.

En 1666, George part s’installer à Londres tout en continuant d’exporter le verre de Murano.

A la même époque, l’Amirauté britannique interdit l’usage du bois comme combustible en Angleterre pour garantir la production de mâts de navires.

Cette interdiction pousse les maîtres verriers vers d’autres sources d’énergie comme le charbon pour faire fondre les composants du verre. A cause de l’oxyde carbone, ils constatent que la couleur du verre devient brunâtre.

Les verriers se lancent alors dans l’expérimentation de nouvelles techniques. Les premiers essais restent infructueux.

C’est en 1673 que George Ravenscroft a l’idée d’ajouter de l’oxyde de plomb à la composition comme « agent fondant » pour accélérer la fusion (une technique qu’il a apprise à Venise).

Résultat : il obtient du verre cristallin, baptisé le « verre Flint-Glass » du fait de l’utilisation de sable provenant du silex de la rivière Oxfordshire au lieu du silex gris de Londres (se rapprochant du silex du fleuve italien Pô).

Quelle est la particularité du cristal de Ravenscroft ?

Une brillance exceptionnelle, une stabilité et une sonorité inégalée sont quelques-unes des qualités du verre au plomb de Ravenscroft.

Ce nouveau cristal présente des caractéristiques identiques à celles du verre « cristallo » de Venise.

Il faut savoir que le verre de Murano régnait en maître à l’époque, réputé pour sa qualité exceptionnelle. Cependant, le prix de ce verre était très élevé.

Les artisans ont alors redoublé d’efforts pour produire des objets de qualité similaire, mais à moindre coût. C’est ainsi que le cristal de plomb est né !

En 1673, George Ravenscroft fait construire sa propre usine de fabrication à Londres où le cristal au plomb est développé.

L’année suivante, il fait une demande auprès du Roi Charles II pour déposer un brevet pour son procédé de fabrication du « verre de silex ». Il devient ainsi le seul producteur de cristal au plomb en Angleterre.

L’évolution du cristal au plomb à travers le monde

Depuis la découverte de Ravenscroft, le cristal anglais rivalise aussi bien avec le cristal de Bohême que le cristal vénitien.

En 1783, George s’associe avec William Penrose pour fonder la maison Waterford Glass House qui a su capter l’attention du monde à l’exposition de Crystal Palace à Londres.

  • Le verre flint américain

Aux Etats-Unis, les verriers tentent aussi de reproduire le verre flint. Mais leur production est bloquée par l’embargo du Royaume-Uni sur l’oxyde de plomb.

C’est finalement la découverte de gisements d’oxyde de plomb en 1819 qui permet au verre flint américain de se développer.

  • Le verre français

En France, la fabrication du cristal ne débute que vers 1767 à la cristallerie Saint-Louis (anciennement appelée la verrerie de Münzthal fondée en 1586 en Moselle puis la Verrerie Royale de Saint-Louis en 1767).

C’est la plus ancienne manufacture et la première à produire des pièces en cristal en parvenant à percer le secret de la composition du cristal anglais en 1781.

En 1834, la cristallerie de Saint-Louis crée le plus somptueux et le plus prestigieux service dans l’art de la table : le service « Trianon ».

Vient ensuite la Société des Cristalleries de Nancy qui a fait du cristal son matériau de prédilection.

En 1925, cette maison se démarque lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris (une manifestation consacrée à l’Art déco) grâce à sa production de vases, de coupes et de services de tables qui reflètent la pureté du cristal et la perfection rare du travail artistique.

En effet, Jules Alexis Bayet, le fondateur des Cristalleries de Nancy, s’est donné pour mission de donner à cette matière la reconnaissance qu’elle mérite.

Il précise que : « {…} Le cristal n’est pas apprécié comme il le mérite parce que le public ne se rend pas compte que confusément de sa supériorité et que trop nombreux restent ceux qui ne comprennent pas que son éclat est indispensable pour la décoration d’une table ou d’un salon. Sa vente sera considérablement augmentée le jour où cette supériorité sera connue ».

Au XIXe siècle, les cristalleries de Baccarat et quelques verreries en Île-de-France ont également contribué au rayonnement de cette industrie verrière.

Son succès est tel que le verre au plomb est devenu un symbole du savoir-faire et du savoir-vivre français.

Quand le cristal s'invite à votre table !

Le cristal s’impose comme le matériau de référence dans les arts de la table. Verres, carafes, bouteilles… Les pièces en cristal se déclinent à l’infini.

Elles peuvent être gravées et taillées sous toutes les formes pour sublimer le décor de votre table.

Mais attention ! C’est un travail artisanal d’une grande précision qui nécessite le savoir-faire et une totale maîtrise du cristal.

Aujourd’hui, les plus grandes cristalleries françaises (Baccarat, Lalique ou Saint-Louis) rivalisent d’ingéniosité pour créer des pièces en cristal haut de gamme et en faire de véritables œuvres d’art.

En France, une corporation contribue à la renommée de ce matériau d’exception, réunie sous le label « Entreprise du Patrimoine Vivant ».

D’un côté, les maîtres du feu soufflent, cueillent et façonnent le cristal à chaud pour obtenir le verre le plus fin qui soit. D’un autre côté, les artistes du froid donnent vie à des œuvres uniques en ayant recours à la taille, la gravure, au lustrage et même à la dorure.

En dehors de l’Hexagone, nombreux sont les verriers qui jonglent avec le cristal tels des maestros. On peut citer les cristalleries Nachtmann et Zwiesel Kristallglas en Allemagne, Murano et Colle Val D’Elsa en Italie ou encore la cristallerie Moser en République Tchèque

Sources : Nancy, la cristallerie oubliée, Gérard Caussaint, ALORAF

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