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François Coty, amoureux du parfum

Parfumeur de génie originaire d'Ajaccio, François Coty a joué un rôle clé dans le développement de la parfumerie. On doit à ce parfumeur corse un bon nombre de parfums mythiques, mais aussi le château d’Artigny construit au XXe siècle.

Le saviez-vous ? C’est le passage chez Coty qui a donné l’idée à Jules Alexis Bayet de fonder les Cristalleries de Nancy.

En effet, c’est en se rapprochant du milliardaire François Coty que J. A. Bayet s’est rendu compte que les parfumeurs sont en demande constante de flacons et à quel point les cristalleries existantes ne pouvaient pas répondre à leurs besoins.

Parfumeur hors du commun, François Coty fut l’un des premiers à penser à l’esthétique des flacons et des emballages ce qui lui a valu le surnom de « père fondateur de la parfumerie moderne ».

Origine, parcours professionnel, créations … Retraçons l’histoire de cet industriel corse.

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Flacon de Coty et rené Lalique, Ambre Antique, 1900

François Coty : à propos de son enfance

François Coty, de son vrai nom Joseph Marie François Spoturno, est né à Ajaccio, en Corse, le 3 mai 1874.

Il est issu d’une petite notabilité ajaccienne originaire de Ligurie et installée sur l’île depuis le XVIe siècle. Quand il n’avait que 4 ans, sa mère, Adolphine Coti, est morte. Trois ans plus tard, son père, Jean-Baptiste Spoturno est porté disparu après insoumission militaire.

Le jeune François est alors confié à sa grand-mère, Anne Marie Belon. Ensemble, ils quittent la Corse en 1885 pour s’installer à Marseille.

Après son service militaire en 1898, François Spoturno déménage à Paris et devient attaché parlementaire non rémunéré du député républicain de la Corse, Emmanuel Arène.

A la même époque, il fait la rencontre du docteur Jacqueminot, propriétaire d’une pharmacie qui lui confie la fabrication d’eaux de Cologne. C’est ainsi qu’il découvre ses dons exceptionnels pour la création de parfums.

Le 12 juin 1900, alors que l’Exposition Universelle de Paris est en train de célébrer la mode et la parfumerie françaises, François se marie avec Yvonne Alexandrine Le Baron, avec qui il aura 2 merveilleux enfants, Roland et Christiane.

Le début de sa carrière dans le secteur des parfums

Après l’échec d’une première entreprise qu’il a lancée grâce au prêt de sa grand-mère, François Coty se forme en 1903 chez la maison Chiris à Grasse (la capitale mondiale de la parfumerie).

Antoine Chiris, le fils de Léon Chiris, l’initie aux matières premières naturelles et aux produits de synthèse, mais lui apprend aussi les opérations de distillation et d’extraction.

De retour à Paris en 1904, François installe son premier laboratoire dans le petit appartement qu’il occupe avec son épouse.

Rapidement, il créé ses premiers parfums faits à partir de produits de synthèse organique. Il est aidé de son épouse Yvonne qui emballe les flacons dans des sachets de satin.

François fait ensuite le tour des boutiques de parfumerie pour présenter sa création. Malheureusement, aucune ne veut prendre le risque de promouvoir un parfum inconnu.

Pour ses créations, François prend le nom de sa mère, Coti qu’il transforme en Coty.

Les parfums iconiques de l’empire Coty

1) La Rose Jacqueminot, sa première réussite

Son premier parfum fut « La Rose Jacqueminot » créé en 1904 à partir de deux produits de synthèse, le rhodinal et l’ionone, que le parfumeur a étudiés à Grasse.

Petite anecdote : Lorsque le directeur des Grands Magasins du Louvre a refusé de sentir la Rose Jacqueminot, Coty aurait brisé un flacon sur le comptoir.

Son odeur aurait envoûtée les clientes présentes ce jour-là. Au point que ces dernières auraient dévalisé le stock en quelques minutes. Histoire vraie ou inventée ? Ce qui est sûr, c’est que la Rose Jacqueminot a rencontré un vif succès à la fin de l’année.

Son succès est tel que François a décidé d’étendre son empire en s’offrant un nouveau siège social dans la capitale française et en élargissant son offre de fragrances.

A Paris, il réside à l’hôtel Claridge, avenue Champs-Elysées, où il reçoit ses amis, des industriels, écrivains et artistes célèbres.

2) L’Origan

Créé en 1905, le parfum L’Origan de François Coty repose sur trois ingrédients de base : l’Iralia, la Dianthine et l’Ambréine. Il est livré dans un flacon signé Baccarat avec une étiquette dessinée par Lalique,

3) L’Ambre antique

L’Ambre antique est un parfum pour femme, emblématique de la maison Coty, conçu la même année que L’Origan. Il est structuré à partir de deux bases, dont l’iralia et dianthine.

4) Le Chypre

Le Chypre est un parfum mythique lancé en 1917. Composé en tête de bergamote et en fond de mousse de chêne et de patchouli, il a tout pour plaire aux amateurs de parfums chyprés.

Parfums signés François Coty : pourquoi un tel succès ?

François Coty a acquis une renommée internationale grâce à ses créations olfactives modernes et son sens aigu des affaires.

Il a cassé les codes de la parfumerie en créant des accords plus sophistiqués et plus modernes que ceux existants sur le marché à l’époque. Pour ce faire, il associe les produits de synthèse avec les matières premières naturelles.

Comme l’explique le parfumeur Henri Robert « Les parfumeurs étaient habitués aux huiles essentielles, aux infusions ou aux matières préparées par enfleurage, et considéraient les nouveaux absolues comme bien trop forts et puissants pour être naturels. Coty, qui n’avait aucune connaissance sur les matières premières, trouvait ces dernières magnifiques. »

Pour cet industriel corse, le parfum est aussi un luxe qu’il souhaite rendre accessible à une clientèle plus large.

Il se fournissait alors auprès de sociétés comme Firmenich ou encore De Laire dans laquelle a commencé le parfumeur Edmond Roudnitska.

Sa collaboration avec René Lalique pour le flaconnage

Coty accorde aussi une grande importance à la qualité esthétique du flaconnage. Selon ses dires : « le parfum se regarde autant qu’il se sent, il est objet avant d’être senteur ».

Pour s’approvisionner en flacons de parfum, François se tourne d’abord vers les Cristalleries de Baccarat. Celles-ci utilisent la mécanisation pour la taille plate large et le bouchage à l’émeri.

Mais deux problèmes semblent s’en dégager : d’un côté, les ouvriers de la taillerie sont réticents à l’idée de mécaniser leur travail. D’un autre côté, les cristalleries font face à un manque évident de personnels féminins non qualifiés.

Pour résoudre ces problèmes, elles délocalisent à nouveau : après Bertrichamps en 1899, ce sera à Rambervillers en 1907.

Mais insatisfait de la collaboration, l’industriel français décide de s’adresser à René Lalique en 1908.

Cette année-là, l’artiste verrier conçoit un flacon fait à partir de verre moulé et pressé aux reflets bruns. Sur cette fiole utilisée pour le parfum « L’Effleurt », on peut voir une figure féminine qui semble se répandre comme des effluves parfumées.

Les flacons issus de la collaboration entre les deux hommes sont dévoilés lors de l’Exposition universelle de 1910 à Bruxelles.

La maison Coty, une entreprise prospère

L’entreprise Coty est devenue au fil du temps synonyme de luxe et de raffinement. Au début des années 1910, sa collection comptait déjà une vingtaine de fragrances innovantes.

Pour se démarquer des autres parfumeurs, François prône la diversité et aspire à créer un parfum pour chaque femme.

Une stratégie qui porte ses fruits, car son catalogue de produits s’enrichit avec des crèmes, des rouges à lèvres, des sels de bain, des poudres et des savons.

En 1908, François acquiert un terrain à Suresnes où il fait construire son propre usine baptisée « la Cité des Parfums ».

C’est un site de production, comprenant 50 000 mètres carrés d’ateliers et de laboratoires ainsi qu’un département de verrerie, qui lui permet de ne plus dépendre de fournisseurs.

Dans cette immense usine, près de 9 000 ouvriers vêtus de blouse blanche s’emploient à fabriquer jusqu’à 100 000 flacons de parfums par jour.

A partir des années 1920, Coty se lance dans une politique de commercialisation internationale en ouvrant, après la maison de parfum place Vendôme, de nombreux points de vente à Moscou, New York, Londres, Allemagne, Suisse et dans le monde entier.

Aujourd’hui, la maison Coty est une multinationale américaine, dont le siège a été transféré à New York par la veuve de François au début de la Seconde Guerre mondiale.

Elle possède non seulement des licences liées à des artistes mondialement célèbres tels que Céline Dion et Lady Gaga, mais aussi des parfums de marque prestigieuse comme Balenciaga, Burberry et Marc Jacobs.

François Coty : un grand nom du parfum, mais pas seulement !

En 1920, son immense fortune élevée à une centaine de millions de francs lui a propulsé au rang des hommes les plus riches de la planète.

1) Un actif mécène

On se souvient de François Coty en tant que grand mécène. Il a notamment subventionné des projets d’habitation bon marché en Corse.  

Il a aussi apporté son aide financière au Saint-Siège et à Pie XI dans leur lutte contre le communisme. Mais il a également participé au financement de l’équipe de France de bobsleigh et les jeux olympiques de 1928.

Ce n’est pas tout, Coty a aussi offert son soutien aux artistes comme Foujita et à l’Académie de France à Rome.

2) Un grand collectionneur

François Coty aime aussi collectionner des maisons et des châteaux en France et en Corse. On peut citer :

  • Le Château d’Arigny (Montbazon) : un domaine de 1300 ha servant de résidence au parfumeur et à sa famille la moitié de l’année.
  • Le pavillon de Louveciennes : édifié par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux en 1771 pour la comtesse du Barry et acheté par Coty en 1923
  • Le château Sainte-Hélène à Nice
  • Un hôtel particulier de l’urbaniste George Kessler à Paris
  • La villa Namouna à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes)
  • Le château de la Grande Filolie à Saint-Amand-de-Coly (Nouvelle-Aquitaine)
  • Le domaine de Bicaghja, situé à proximité d’Ajaccio, en Corse

3) Un homme politique engagé et propriétaire du « Figaro » et « L’Ami du peuple »

Outre son métier de parfumeur, François Coty se lance dans les activités politiques. En Corse, il est notamment élu conseiller général de Soccia dans l’arrondissement d’Ajaccio en 1921.

Deux ans plus tard, il achète son siège de sénateur. Cependant, son élection est invalidée par des faits de corruption ce qui le pousse vers la presse.

En 1922, il est devenu propriétaire du prestigieux « Figaro » et créé l’année suivante « L’Ami du peuple », un journal d’extrême droite. Il a également lancé un quotidien sportif ainsi qu’une chaîne de distribution.

En parallèle, Coty est le créateur de la Solidarité française et offre également son soutien à différents mouvements de droite.

En 1931, il est élu maire d’Ajaccio, une fonction qu’il n’exercera jamais jusqu’à sa mort en 1934, car il préfère s’occuper de la politique nationale.

Le déclin de François Coty

Né pauvre puis devenu l’homme le plus riche de France et enfin ruiné… La vie de François est faite de hauts et de bas, qualifiée de roman de Balzac par le journal « La Nouvelle Corse » qui a écrit le 5 août :

« Ce napoléon de la parfumerie, juché sur une colonne Vendôme de deux milliards, s’est écroulé comme un château de cartes « .

La crise économique de 1929 et son train de vie déraisonnable vont entraîner d’importantes difficultés financières, accentuées par son divorce avec Yvonne ainsi que le déficit des quotidiens de presse « Le Figaro » et « L’Ami du Peuple ».

Résultat : le parfumeur finit sa vie ruiné et croulé sous les dettes. Finalement, il décède le 25 juillet 1934 à Louveciennes, à l’âge de 60 ans, à la suite d’une double congestion pulmonaire et cérébrale due à une rupture d’anévrisme.

Inhumé au cimetière de Montbazon et transféré à Ajaccio dans les années 1960, François Coty repose actuellement dans le caveau familial du cimetière marin des Sanguinaires.

Pour perpétuer sa mémoire aujourd’hui, il existe « l’Association François-Coty » qui remet tous les ans un prix à un parfumeur pour l’ensemble de son travail.

Le principal stade de football d’Ajaccio porte également son nom. Sans oublier la passerelle François Coty inaugurée à Puteaux en septembre 2019.

Sources : Nancy, la cristallerie oubliée, Gérard Caussaint, ALORAF

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