Située à 130 km de Metz dans un hameau du quartier des Troisfontaines, la cristallerie de Vallérysthal est l’une des plus anciennes verreries et cristalleries de France. L’enseigne fut reconnue pour ses gobeleteries haut de gamme et ses élégantes pièces de cristal.
De la verrerie à la cristallerie, la manufacture Vallérysthal explore de nombreuses techniques afin de satisfaire les besoins d’une large gamme de clientèle. Coupelles, verres, vases, bouteilles…
La cristallerie produit toute une variété de pièces de verre et de cristal.
La cristallerie de Vallérysthal produit des œuvres diversifiées, qui conviennent aussi bien pour un usage quotidien qu’en tant qu’objets de décoration, comme l’atteste cette sélection de vases Vallérysthal.
Combinée avec la cristallerie de Portieux (une verrerie vosgienne) en 1872, la manufacture de Vallérysthal fut un haut lieu du verre, avant sa fermeture définitive.
L’histoire de la cristallerie de Vallérysthal
Manufacture de référence dans le métier du verre et du cristal pendant plus de deux siècles, la cristallerie de Vallérysthal a marqué l’histoire d’une industrie prospère dans la terre de cristal qu’est la Lorraine.
L’histoire de cette entreprise florissante débute en 1699, lorsque le comte Antoine de Lutzelbourg signe un acte de création d’une verrerie dans le village de Troisfontaines, anciennement nommé ban de Biberkirch.
Localisée en plein cœur de la nature, dans une dense forêt du massif vosgien du département de la Moselle, la cristallerie de Vallérysthal était, d’abord, connue sous la dénomination « Verrerie des Troisfontaines ».
Le 8 janvier 1707, le duc de Lorraine Léopold Ier autorise Dominique Voinier, fondateur de la verrerie de Plaine-de-Walsh, de transférer sa manufacture sur le village des Troisfontaines, où les matières premières existent en abondance.
Souffrant d’une difficulté financière, la verrerie de Plaine-de-Walsch est rachetée par le baron Auguste François Eléonor De Klinglin en 1833. Après avoir pris le contrôle de l’entreprise, le baron a souhaité mettre en place d’autres fabriques verrières.
La verrerie de Vallérysthal fut alors fondée dans la commune de Troisfontaines. Le baron Auguste François Eléonor De Klinglin inaugure l’enseigne le 4 novembre 1838.
La proximité des matières premières (l’eau de la Bièvre, le sable, le bois pour les fours…) et la facilité des transports furent les raisons principales de ce choix d’emplacement.
Produisant des œuvres de qualité et très recherchées à l’époque, l’entreprise rencontra très vite un franc succès. Le nombre d’ouvriers employés par la manufacture passe de 250 (en 1840) à 1300 ouvriers (en 1900).
En 1855, le baron décide de combiner la verrerie de Plaine-de-Walsch à celle de Vallérysthal pour en faire une seule et même verrière. Désormais, la manufacture porte le nom de la « Société des Verreries Réunies de la Plaine-de-Walsch et Vallérysthal ».
Bien que le nom de la Plaine-de-Walsch fût encore conservé, l’alliance des deux verreries entraîne l’abandon du site de production qui s’y trouve.
Cependant, l’appellation « Plaine-de-Walsch » disparaît définitivement lorsque l’enseigne est rattachée à la verrerie de Portieux.
La verrerie de Vallérysthal : des productions innovantes et à la mode (vases et poules opalines)
Dès sa fondation en 1838, la direction de la verrerie de Vallérysthal est assurée par un élève sortant de l’École centrale des arts et manufactures, M. François Eugène De Fontenay.
Ayant déjà œuvré auprès de la verrerie de la Plaine-de-Walsch, celui-ci est bien déterminé à assurer le développement de l’entreprise.
Avec le fondateur de la manufacture, M. De Fontenay met en œuvre des techniques verrières innovantes, et oriente la production de la fabrique vers la méthode du demi-cristal. Il fait, ainsi, concevoir quelques exemplaires de verre doublé de couleur.
La manufacture produit des pièces aussi remarquables que nécessaire, tels que des ustensiles de cuisine et des objets de décoration. D’une qualité rare et exceptionnelle, les productions de l’enseigne vont rapidement faire le tour du monde.
L’enseigne Vallérysthal est devenue une grande marque reconnue dans plusieurs pays, ce qui va nécessiter l’ouverture du canal de la Marne au Rhin en 1853, pour acheminer le nouveau sable plus pur de Champagne vers Niderviller.
L’alliance Vallérysthal-Portieux
Après l’alliance Vallérysthal-Portieux (dans les Vosges), le nom de Plaine-de-Walsch disparaît définitivement.
La manufacture de Vallérysthal sera l’origine de la création de la commune de Troisfontaines, à partir du XVIIe siècle.
Luc Stenger, Président de l’association de sauvegarde Vallérysthal-Portieux confirme que « Vallerysthal naquit au XIXe siècle. Le village le plus ancien était Bbiberkirch, où se créa une verrerie Stenger-Gérard en 1699, dont le développement donna naissance au village de Troisfontaines ».
Les rapports officiels des expositions de 1839 à 1844 confirment que l’usine Plaine-de-Walsch est apparue après la cristallerie Baccarat, mais avant la cristallerie de Saint-Louis.
En 1905, la commune abrite quelque 1500 habitants, dont 1300 étaient salariés de la cristallerie de Vallérysthal, étant alors à son apogée.
À l’époque, la verrerie de Vallérysthal du verre doublé couleur, dont la qualité n’a rien à envier aux pièces sortant des manufactures verrières de Baccarat, de Saint-Louis, des frères Muller ou encore des cristalleries Daum.
L’association Vallérysthal-Portieux forme le premier complexe verrier d’Europe. Elle combine le savoir-faire, les techniques et la dynamique des deux cristalleries.
À cette époque, l’enseigne Vallérysthal-Portieux emploie 2200 ouvriers en fabrication directe. Pendant l’année 1897, la manufacture produit des vases fortement inspirés de la production de la cristallerie Daum et de l’Ecole de Nancy d’Emile Gallé.
La verrerie Vallérysthal s’offre les services d’artistes talentueux, et fait appel à Charles Spindler (1865-1938, peintre marqueteur de Saint-Léonard), à Bruno Paul et à Otta Kruger, de Munich.
Vallérysthal : de la verrerie à la cristallerie et à l'opaline
La qualité et le savoir-faire de la verrerie Vallérysthal augmentent d’année en année, et l’enseigne savoure un succès fulgurant.
La manufacture Vallérysthal est ainsi honorée d’une médaille de première classe à l’Exposition universelle de Paris en 1855, d’autres médailles à l’Exposition universelle de 1867, à l’Exposition universelle de 1873 (Vienne) et à l’Exposition universelle de 1878 (Paris).
Dès 1900, la verrerie de Vallérysthal propose des pièces de verre soufflé, pressé, taillé, des verres gravés à l’acide, du verre de montre et des verres décorés à l’émail. Sa production n’a rien à envier à celle des cristalleries célèbres comme Portieux ou encore la cristallerie de Baccarat.
L’enseigne Vallérysthal se fait également une notoriété mondiale dans la production d’opaline. Il s’agit d’un verre précieux entièrement teinté dans la masse, avec un aspect blanc laiteux et aux reflets irisés.
Vallérysthal produit des opalines à la « façon Bohême », et ses pièces concurrencent directement les pièces de cristal de Bohême, selon Georges Chevandier. Très appréciés par les collectionneurs et les amateurs d’art, les opalines sont conçues avec une technique complexe.
Vallérysthal et la première guerre mondiale
Pendant la première guerre, à partir de 1917, Vallérysthal produit environ 3500 bocaux de conserve par jour, pour cause de « guerre totale ».
Tous les fours de toutes les verreries étaient alors éteints, sur ordre des Allemands, qui annexaient l’Alsace-Lorraine à l’époque.
Plus tard, en 1935, après l'annexion allemande, quatre autres fours sont remis en activité, produisant de la gobeleterie et du verre moulé. Depuis 1885 et exclusivement à Vallérysthal, un autre four est activé pour la production de boules de verre.
Ces boules de verre étaient destinées à la fabrication de verre de montre de gilet, et étaient attribuées à des femmes ouvrières.
A ce jour, il reste encore une boule exposée sur le site verrier de Vallérysthal, conservée dans un grand caisson en bois, en mémoire de la première guerre mondiale. Il est étonnant de voir la taille et la symétrie de cette pièce, quand on sait qu’elle a été fabriquée uniquement par le souffle de l’homme.
Envie de visiter le magasin d'usine Vallérysthal ?
Le site verrier de Vallérysthal est ouvert au public tous les jours de la semaine. La manufacture propose des démonstrations d’artistes verriers (sur rendez-vous).
Par ailleurs, il est très intéressant de découvrir les 700 m² de son magasin d’usine, qui rassemblent la cristallerie de Vallérysthal et Portieux, ainsi que les faïenceries de Lunéville. En effet, depuis 1996, les verreries de Vallérysthal et de Portieux sont intégrées au Groupe Faïence et Cristal de France, qui inclut également les Faïences de Niderviller et la manufacture de Lunéville Saint-Clément.
Un dernier four reste debout dans l’enceinte de la manufacture, mais il n’est plus fonctionnel. Les autres fours ayant été détruits à l’aide de bulldozers.
L’Association de Sauvegarde du Patrimoine Verrier de Vallérysthal-Portieux
L’héritage des verreries Vallérysthal-Portieux aurait pu disparaître définitivement sans l’initiative d’un groupe de bénévoles passionnés, qui se sentent attachés à ces lieux. Monsieur Luc Stenger, Président de l’Association, et Marie-Claire Christophe-Stenger (fille de Joseph Stenger), vice-présidente, ont aimablement apporté leur précieuse aide et leur collaboration pour le recueil des informations données dans ce billet.
L’association de Sauvegarde du Patrimoine Verrier de Vallérysthal-Portieux souhaite maintenir et conserver les 300 ans d’histoire des cristalleries Vallérysthal et Portieux, en réalisant des collectes, des inventaires, des expositions, ainsi que la sauvegarde de plus de 30 000 pièces et moules de la cristallerie.
La première exposition de l'association a eu lieu au Musée du Pays de Sarrebourg.
Vous souhaitez faire partie de cette aventure ? Vous pouvez devenir membre de l’association en vous inscrivant par mail au contact@vallerysthal.com.