Lalique
L’appellation « Lalique » évoque des objets décoratifs d’intérieur, des bijoux, des parfums et l’art de la cristallerie de luxe. Avant d’être une enseigne de cristallerie, Lalique, c’est d’abord le nom d’un artisan bijoutier de génie, celui de René-Jules Lalique (1860-1945). (Re)découverte d’une marque à travers les années…
Depuis la création de la maison Lalique, ses produits ont toujours été fortement inspirés par la femme, la faune et la flore ; avec tout ce que cela implique en termes de beauté, de douceur, de passion, de mystère, de délectation, d’harmonie de forme…
L’enseigne a construit sa réputation sur la qualité de ses œuvres d’exception…
Une qualité qui est, d’ailleurs, certifiée par le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Ce billet vous raconte les débuts de la notoriété d’une marque de cristallerie de luxe raffiné.
Lalique : des prémices d’un simple bijoutier-joaillier à la haute joaillerie
Des débuts pleins de talents et d’innovations
Le créateur de la marque Lalique, René-Jules Lalique naît le 6 avril 1860 à Aÿ, en Champagne. C’est un joaillier, bijoutier et maître verrier de talent, qui est connu pour son savoir-faire inégalé, ses collections de bijoux, de vases emblématiques, flacons de parfum, chandeliers, pendules… et même pour ses bouchons de radiateur de voitures.
Lalique se démarque dès ses 12 ans en gagnant son premier prix de dessin au lycée Turgot à Paris. Il commence par apprendre le dessin à16 ans avec Louis Aucoc, joaillier parisien ; avant d’intégrer le Sydenham Art College de Londres, de 1878 à 1880.
De retour en France, il mettra son talent au service de Cartier, Aucocet Boucheron. Passionné de l’art japonais contemporain qu’il découvre à l’occasion des Expositions universelles de 1867 et 1878, Lalique s’en inspirera plus tard pour ses créations.
À 22 ans, en 1882, l’artiste devient dessinateur concepteur indépendant, et intervient pour le compte de certaines marques de joaillerie parisiennes comme Henri Vever, Georges Fouquet, Aucoc et Boucheron. Quatre ans plus tard, en 1885, René Lalique lance sa propre joaillerie.
L’histoire retiendra également le nom de René Lalique comme l’un des plus grands concepteurs de bijoux de l’Art nouveau en France, notamment grâce à ses créations destinées à la nouvelle boutique de Siegfried « Samuel » Bing à Paris (L’ART NOUVEAU).
L’art et l’artisanat selon René Lalique
Le véritable couronnement du talent et du savoir-faire de René Lalique fut certainement l’éloge qu’en a fait Emile Gallé lors du Salon des artistes français de 1897 et 1898.
Il rencontre également un succès fulgurant lors de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris.
Durant toute sa vie d’artiste et d’artisan, René Lalique s’inspirera de l’art japonais, de l’Art nouveau, mais aussi, et surtout, de la femme, de la faune et de la flore, les 3 F.
Vouant une préférence assumée pour le paon et les insectes, il utilisera des matériaux inhabituels dans l’artisanat tels que le verre, l’émail, la nacre, la corne, le cuir, les pierres précieuses et semi-précieuses.
René Lalique confiera son inspiration au journaliste Maximilien Gauthier par ces mots évocateurs :« Je regarde, j’observe la femme, l’enfant, l’envol d’un oiseau, un arbre, un poisson ; soudain l’harmonie d’une forme, d’une attitude, d’un geste, d’un mouvement s’impose à mon esprit, ne le quitte plus, se combine avec d’autres éléments de composition antérieurement acquis…
L’œuvre est mûre, je n’ai plus qu’à la cueillir … ».
Plus tard, René Lalique va manifester une préférence prononcée pour le verre en tant que matière artistique.
Pour en savoir davantage sur cette matière, n’hésitez pas à lire notre billet sur l’invention du verre.
Dessinateur talentueux et expert en modelage, René Lalique introduit du volume dans la bijouterie, supporté par des émailleurs, des sculpteurs et des ciseleurs triés minutieusement.
Les bijoux exceptionnels conçus par son atelier mettent en valeur la beauté de nombreuses personnalités de la noblesse et de la bourgeoisie, pour ne citer que la marquise Arconati-Visconti, la princesse de Guermantes, la comtesse de Béarn, Mme Waldeck-Rousseau ou encore Sarah Bernhardt.
En 1887, René Lalique établit un atelier rue du Quatre-Septembre, et réalise, dès 1888, ses premières parures inspirées du japonisme et de l’Antiquité. Son Vase Bacchantes, inspiré de l’Antiquité et de la mythologie, est une véritable ode à la femme et aux courbes voluptueuses des jeunes prêtresses de Bacchus.
Il brise les codes de l’art en intégrant la somptuosité et les pierres (précieuses et semi-précieuses) dans ses créations.
En 1888, les pièces de René Lalique sont signées des lettres « RL ».
René Lalique est devenu l’ami de Calouste Sarkis Gulbenkian, qui a fait acquisition du célèbre Pectoral à la libellule en 1897, un véritable chef-d’œuvre qui a fait sensation auprès du public lors de l’Exposition universelle de 1900.
La verrerie et le verre Lalique
Usant de son savoir-faire et de ses talents d’artiste dessinateur, René Lalique adopte rapidement le verre dans ses créations au style unique, et fonde un atelier de verrerie dès 1890. Il expérimente toutes les possibilités de cette matière dans la bijouterie, puis analyse la liaison du verre avec les métaux.
En 1890, René Lalique fonde son troisième atelier au 20, rue Thérèse à Paris, et expérimente l’utilisation de l’émail et du verre dans ses créations, ainsi que l’or, le diamant, l’améthyste…
En 1895, il expose des bijoux en verre, et produit des pièces de luxe et de raffinement, notamment des flacons de parfum présentés dans un très bel emballage. Mais les produits Lalique ne sont pas uniquement destinés à un public fortuné, l’enseigne propose divers objets en grandes séries, partant en conquête d’une clientèle plus large.
Cette année-là vit également l’entrée des pièces Lalique dans les collections du musée des arts décoratifs de Paris. Trois ans plus tard, il installe un nouvel atelier de verrerie dans les Yvelines, principalement pour expérimenter le verre soufflé, un procédé privilégié pour la conception de vases en cristal et verre.
Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, René Lalique assoit sa notoriété et sa renommée. Il expose ses œuvres d’exception, remporte des concours, et crée des bijoux pour des personnalités célèbres.
Souhaitant « créer quelque chose que l’on n’aurait pas encore vu », René Lalique sera rapidement consacré « L’inventeur du bijou moderne ».
Suite à son franc succès, Lalique ouvre son magasin, place Vendôme en 1905. Fort de son triomphe, Lalique crée le flacon pour Ambre antique en 1910 pour le compte du parfumeur François Coty.
Sa collaboration avec François Coty commence lorsque ce dernier est séduit par la beauté des pièces créées par ses soins, et lui propose en 1907 de faire bénéficier de son art le monde de la parfumerie. Leur collaboration vise principalement à présenter des flacons de parfum attractifs à des petits prix.
Lalique finit par se consacrer au travail du verre industriel, et devient ainsi un véritable maître-verrier de l’Art déco.
L’art et le luxe dans les objets usuels
Alors que Lalique se focalise surtout dans l’art de la Belle époque, à la suite de la première guerre mondiale, les types de bijoux proposés par Lalique n’étaient plus à la mode. L’artiste se tourne ainsi rapidement vers l’Art Déco dès 1920, sortant des sentiers battus de l’Art nouveau.
En 1922, René Lalique s’est consacré au travail du verre, et établit une verrerie en Alsace : la Verrerie d’Alsace à Wingen-sur-Moder, qui sera la seule manufacture Lalique au monde jusqu’à ce jour.
Participant à de nombreux projets d’architecture d’intérieur, la cristallerie Lalique expose dans le cadre de l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes en 1925. Sa carrière de maître-verrier est alors à son apogée, en même temps que l’Art Déco.
L’artiste travaille principalement le contraste verre transparent – verre satiné, auquel il ajoute parfois une coloration, un émail ou une patine.
Souhaitant industrialiser et vulgariser les objets d’art, René Lalique intègre le luxe et l’esthétique dans le quotidien des gens. C’est ainsi qu’il conçoit des objets variés tels que des vases, des flacons à parfum, des coupes, des chandeliers, les décorations de la salle à manger du paquebot Normandie en 1936, les fontaines des Champs-Elysées, les décorations des wagons-restaurants de l’Orient Express en 1929, les décorations du train Côte d’Azur Pullman Express… et même des bouchons de radiateur pour la 5 CV de Citroën en 1925.
Le génie de René Lalique est également à son paroxysme à travers le retable et ses autres créations destinées à la décoration de l’église Saint-Matthieu de la paroisse Saint-Laurent sur l’île anglo-normande à Jersey.
L’avènement du Cristal Lalique
René-Jules Lalique meurt le 1er mai 1945 ; sa dépouille repose au cimetière du Père-Lachaise. La même année, son fils Marc Lalique travaille le cristal.
En juillet 1945, Calouste Gulbenkian, homme d’affaires et mécène, exprime sa profonde peine par ces mots : « Au regret d’avoir perdu un ami très cher s’ajoute la peine infinie que nous éprouvons toujours devant la disparition d’un Grand Homme. Sa place est parmi les plus Grands dans l’Histoire de L’Art de tous les temps, et sa maîtrise si personnelle et son exquise imagination feront l’admiration des élites futures. »
Une exposition inédite du musée du Luxembourg à Paris rend hommage au talent et au génie de René Lalique en tant que bijoutier.
Aujourd’hui encore, le nom de Lalique est associé à divers domaines : Lalique bijoutier de prestige, Lalique verrier, cristallerie Lalique, sculpture Lalique…
Toute une gamme de verres en cristal Lalique et d’autres marques est à découvrir sur notre site.
La Maison Lalique de nos jours…
En 1977, Marie-Claude Lalique, fille de Marc Lalique, prend la tête de l’entreprise Lalique. Elle perpétue l’héritage de son grand-père en matière de bijouterie, et continue de développer la création de flacons de parfum.
En 1992, Marie-Claude Lalique crée le premier parfum éponyme « Lalique de Lalique », une manifestation de la créativité de l’enseigne. Lalique Parfums propose aujourd’hui des parfums subtils d’une qualité exceptionnelle.
En 2008, le groupe suisse Lalique Group de Silvio Denz reprend la Maison Lalique, ambitionnant de développer la marque dans le monde, et de produire plus en matière de cristallerie. Un nouveau four à bassin sera ainsi installé en 2010 pour moderniser l’usine Lalique de Wingen-sur-Moder, qui accueille le 7e Meilleur ouvrier de France.
Où se trouve le siège de Lalique à Paris ?
Actuellement, le centre décisionnaire de Lalique est situé 11, rue Royale, à Paris ; tandis que la Verrerie d’Alsace à Wingen-sur-Moder est la seule manufacture Lalique au monde à l’heure actuelle.
Le musée Lalique de Wingen-sur-Moder
Un an plus tard, en 2011, le musée Lalique est inauguré à Wingen-sur-Moder au cœur du Parc naturel régional des Vosges du Nord, exposant plus de 650 œuvres d’exception produites par René Lalique et ses descendants (sculptures, bijoux, vases, flacons de parfums, mais aussi des dessins issus des archives René Lalique.
La même année, la collection Lalique Maison est lancée, comportant divers meubles, accessoires et linge de maison.
Toujours en 2011, l’enseigne lance le nouveau département Lalique Art, qui va collaborer avec de nombreux artistes de l’Art contemporain, pour ne citer qu’Yves Klein Archives. Cette collaboration donnera naissance à une première sculpture d’exception dénommée « la Victoire de Samothrace d’Yves Klein ».
En 2012, la Maison entame la renaissance de la Haute Joaillerie et de la Joaillerie Lalique, marquée par la pièce « Odyssée du Feu Sacré ». Deux ans après, l’enseigne lance la collection de cinq parfums Noir Premier.
Situés à Wingen-sur-Moder (Alsace), le Château Hochberg et la Villa René Lalique ouvrent leurs portes à un public large en 2015, cette dernière offrant un hôtel raffiné classé 5 étoiles, ainsi qu’un restaurant gastronomique 2 étoiles.
Ancienne villa destinée à René Lalique en 1920, l’établissement bénéficie d’une décoration conçue par Pietro Mingarelli et Lady Tina Green.
En 2016, l’on recense plus de 52 500 visiteurs du Musée Lalique.
En 2018, en plein développement, la Maison Lalique fête ses 130 ans de savoir-faire et d’excellence dans l’art de vivre à la française, composée d’illustres détenteurs d’un héritage artistique unique d’un véritable génie.
Cette année, l’enseigne ouvre l’Hôtel-restaurant Lalique au Château Lafaurie-Peyraguey, alliant dans un établissement les univers du vin, du cristal, de la gastronomie et de l’hospitalité.
En 2021, en association avec l’entrepreneur suisse Hansjörg Wyss, Lalique Group fait acquisition du « The Glenturret Lalique Restaurant » en mars 2019. L’établissement ambitionne d’offrir une « expérience gastronomique unique », en Ecosse.
D’autres grands noms de l’univers de la cristallerie sont à découvrir ou à redécouvrir sur notre guide des manufactures lorraines et alsaciennes.