Parmi les nombreux symboles qui ornent les armoiries de la Lorraine, les alérions tiennent une place particulière.
Ces petits aigles, dépourvus de bec et de serres, se déploient fièrement sur la bande rouge du drapeau lorrain, rappelant une légende éminemment liée à l’histoire des croisades et à l’une des figures les plus emblématiques de la chrétienté médiévale : Godefroy de Bouillon.
L'alérion, une origine ancrée dans les croisades
L’histoire des alérions remonte à la Première Croisade, cette expédition militaire lancée en 1095 par le pape Urbain II pour libérer les lieux saints de l’occupation musulmane.
Godefroy de Bouillon, descendant de Charlemagne et duc de Basse-Lotharingie, fut l’un des principaux meneurs de cette épopée religieuse.
La légende raconte qu’après la prise de Jérusalem en juillet 1099, Godefroy de Bouillon chercha un moyen d’annoncer sa victoire au pape.
Ne disposant ni d’encre ni de plume, il décida de bander son arc et, d’un seul tir précis, abattit trois petits aiglons blancs qui volaient dans le ciel. Il trempa alors sa plume dans leur sang pour rédiger son message.
Ce geste, empreint d’un symbolisme puissant, fut immortalisé sur le blason lorrain : une bande rouge sur fond d’or, ornée de trois alérions d’argent, représentant l’habileté et la bravoure du chevalier.
La maison ducale de Lorraine adopta ce motif, perpétuant ainsi le souvenir de ce héros des croisades.
À lire aussi : connaissez-vous vraiment les symboles de la Lorraine ?
Un emblème entre mythe et réalité
Les alérions ne sont pas de simples figures d’héraldique : ils incarnent des valeurs chevaleresques telles que le courage, la précision et la fidélité à la foi chrétienne.
Leur absence de bec et de griffes intrigue les héraldistes et suscite de nombreuses interprétations.
Certains y voient une représentation des âmes pures des chevaliers morts pour la cause chrétienne, d’autres considèrent qu’il s’agit d’un emblème unique, propre à la Lorraine et distinct de l’aigle impérial du Saint-Empire romain germanique.
Une autre version de la légende prétend que, lors d’une bataille, Godefroy de Bouillon implora le ciel pour obtenir un signe divin.
Trois alérions apparurent alors dans les airs, et le chevalier, dans un geste inspiré, décocha une flèche qui transperça les trois oiseaux en un seul tir.
Cette prouesse fut interprétée comme un message de Dieu annonçant la victoire des chrétiens.
Aujourd’hui encore, les alérions continuent de trôner sur le drapeau et les armoiries de la Lorraine.
Ils rappellent non seulement l’héritage des ducs de Lorraine, mais aussi l’histoire tumultueuse d’une région marquée par les conflits et les conquêtes.